jeudi 25 juin 2020

L'atome du Sacré-Cœur

Cette poésie pourrait également s'intituler: "L'atome du Cœur Eucharistique de Jésus", tant le lien entre ces deux attributs y est étroit. Le refrain d'abord scelle la donation de tout son être au Cœur de Jésus. Puis les couplets 1 à 7 décrivent d'une manière imagée l'âme qui, se jetant dans ce Cœur Sacré présent au tabernacle, y trouve refuge, consolation et force, comme on le voit par ces vers: "Je suis à ta porte La nuit et le jour", "Fais-moi un doux nid Dans le saint Ciboire", "Ton aile... Devient mon abri", "Ton regard m'enflamme", "Ta voix me ravit, Et ton cœur me presse", "Ta main me soulage", "Tu rends le courage", "Console mon cœur"... La strophe 9 montre ensuite comment la grâce du Christ inonde le cœur de celui qui s'est détaché du monde. Enfin, les strophes 8 et 10 couronnent le tout par un élan d'amour vers le Dieu de l'hostie.
 

A propos de la mélodie utilisée


Bien qu'aucune mélodie n'ait été indiquée pour cette poésie, la structure unique du refrain ainsi que certaines tournures de paroles m'ont permit de retrouver avec une quasi certitude l'air original qui serait le cantique de communion autrefois populaire "Le Voici l'Agneau si doux". Non seulement la versification des couplets et du refrain sont identiques (ce que je n'ai pas vu sur une centaine d'autres cantiques), mais les paroles elles-mêmes font pencher sur cette piste pour deux raisons. D'abord à cause de certaines similitudes comme “Consume mon âme Jésus, sans retour” (PN 15, couplet 4) et “Consume mon âme En cet heureux jour” (Le voici l’Agneau si doux, couplet 4), mais également par le refrain qui dans le manuscrit de Thérèse a été réécrit, très probablement pour mieux s'adapter à la mélodie. En effet, la première version qui était:

L'atome du Sacré-Cœur
Lui donne sa vie.
Voilà sa joie, son bonheur :
« Charmer le Seigneur ! »

aurait fait tomber le "e" du mot "atome" sur le temps fort, ce qui musicalement est assez médiocre, tandis que la correction "Ton atome, Divin Cœur" s'ajuste à merveille.


Version chantée de cette poésie avec paroles affichées sur l'image :

 



Version musicale avec les paroles pour accompagner les chanteurs :

 



Paroles intégrales de la poésie :

 

REFRAIN :
Ton atome, Divin Cœur,
Te donne sa vie !
Voilà sa paix, son bonheur :
Te charmer, Seigneur.

1
Je suis à ta porte
La nuit et le jour ;
Ta grâce me porte :
Vive ton amour !...

2
O cache ta gloire !
Fais-moi un doux nid
Dans le saint Ciboire
Le jour et la nuit.

3
Ton aile, ô merveille !
Devient mon abri.
Quand je me réveille,
Jésus, tu souris...

4
Ton regard m'enflamme,
Mon unique amour :
Consume mon âme,
Jésus, sans retour !

5
Remplie de tendresse
Ta voix me ravit,
Et ton cœur me presse,
O mon doux Ami !...

6
Ta main me soulage
Et me sert d'appui.
Tu rends le courage
Au cœur qui gémit.

7
De toute fatigue
Console mon cœur,
Et pour le prodigue
Sois le Bon Pasteur.

8
Oh ! le doux spectacle,
Prodige d'amour !
Dans le tabernacle
Je reste toujours.

9
Dégagé(e) du monde
Et sans nul appui,
Ta grâce m'inonde,
Mon unique ami !...

10
Oh ! quel doux martyre !
Je brûle d'amour !
Vers toi je soupire,
Jésus, chaque jour !...


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dimanche 31 mai 2020

Cantique à la Vénérable Jeanne d'Arc

Dans son "Cantique pour obtenir la canonisation de la Vénérable Jeanne d'Arc" (de son titre d'origine), Thérèse retrace les grandes lignes de la vie de cette sainte, en rappelant notamment comment n'étant alors que faible enfant elle fut appelée du Ciel pour commander à une armée de fiers soldats, chassa l'ennemi hors du royaume de France et redonna l'autorité à son prince en le faisant sacrer solennellement; mais elle insiste surtout sur l'aspect de ses vertus héroïques dont le sceau suprême fut le sacrifice de sa vie sur le bûcher qui fit d'elle une martyre pour le salut de la patrie. Les dernières strophes supplient la sainte afin qu'elle sauve de nouveau la France aujourd'hui si coupable, conserve l'innocence menacée dans le cœur des enfants, et communique aux âmes choisies ses flammes d'apôtre et de martyre.

Version chantée de cette poésie avec paroles affichées sur l'image :

 



Version musicale avec les paroles pour accompagner les chanteurs :

 



Paroles intégrales de la poésie :

 

Un vers en gras est un vers modifié par moi-même afin de prendre en compte
la canonisation de Jeanne (l'original est ensuite placé entre crochets).
Dans la vidéo ci-dessus, le refrain 1 est remplacé par le refrain 5 pour le même motif;
par ailleurs, la strophe 12 et son refrain ne sont pas chantés car ayant trait à la vie monastique.

1
Dieu des armées, l'Eglise tout entière
Vient en ce jour honorer à l'Autel
[Voudrait bientôt honorer à l'Autel]
Une Martyre, une Vierge guerrière,
Dont le doux nom retentit dans le Ciel.

[REFRAIN 1 :
Par ta Puissance,
O Roi du Ciel,
Donne à Jeanne de France
L'Auréole et l'Autel !
(reprise des deux derniers vers)]

ou

REFRAIN 5 :
Notre espérance
Repose en vous :
Sainte Jeanne de France,
Priez, priez pour nous !
(reprise des deux derniers vers)

2
Un conquérant pour la France coupable,
Non ce n'est pas l'objet de son désir ;
De la sauver, Jeanne seule est capable :
Tous les héros pèsent moins qu'un martyr !

3
Jeanne, Seigneur, est ton œuvre splendide :
Un cœur de feu, une âme de guerrier !
Tu les donnas à la Vierge timide
Que tu voulais couronner de laurier.

4
Jeanne entendit dans son humble prairie
Des voix du Ciel l'appeler au combat ;
Elle partit pour sauver la patrie,
La douce Enfant à l'armée commanda.

5
Des fiers guerriers, elle gagna les âmes ;
L'éclat divin de l'Envoyée des Cieux,
Son pur regard, ses paroles de flammes
Surent courber les fronts audacieux....

6
Par un prodige unique dans l'histoire
On vit alors un monarque tremblant
Reconquérir sa couronne et sa gloire
Par le moyen d'un faible bras d'enfant.

7
Ce ne sont pas de Jeanne les victoires
Que nous voulons célébrer en ce jour ;
Nous le savons, ses véritables gloires
Ce sont, mon Dieu, ses vertus, son amour.

8
En combattant, Jeanne sauva la France ;
Mais il fallait que ses grandes vertus
Fussent marquées du sceau de la souffrance,
Du sceau divin de son Epoux Jésus !

9
Sur le bûcher, sacrifiant sa vie,
Jeanne entendit la voix des Bienheureux ;
Elle quitta l'exil pour la Patrie,
L'Ange Sauveur remonta vers les Cieux !...

10
Jeanne, c'est toi notre unique espérance :
Du haut des Cieux, daigne entendre nos voix !
Descends vers nous, viens convertir la France,
Viens la sauver une seconde fois.

REFRAIN 2 :
Par la puissance
Du Dieu Vainqueur,
Sauve, sauve la France,
Ange Libérateur !...
(reprise des deux derniers vers)

11
Chassant l'anglais hors de toute la France,
Fille de Dieu, que tes pas étaient beaux !
Mais souviens-toi qu'aux jours de ton enfance
Tu ne gardais que de faibles agneaux...

REFRAIN 3 :
Prends la défense
Des impuissants ;
Conserve l'innocence
En l'âme des enfants.
(reprise des deux derniers vers)

[12
Douce Martyre, à toi nos monastères !
Tu le sais bien, les vierges sont tes sœurs ;
Et comme toi, l'objet de leurs prières
C'est de voir Dieu régner dans tous les cœurs.

REFRAIN 4 :
Sauver des âmes
Est leur désir ;
Ah ! donne-leur tes flammes
D'Apôtre et de Martyre !
(reprise des deux derniers vers)]

13
Bien loin de nous s'est enfuie toute crainte,
[De tous les cœurs sera bannie la crainte]
Puisque l'Eglise a daigné couronner
[Quand nous verrons l'Eglise couronner]
Le front si pur de Jeanne notre Sainte ;
[Le front si pur de Jeanne notre Sainte,]
Bien hautement, oui, nous pouvons chanter :
[Et c'est alors que nous pourrons chanter :]

REFRAIN 5 :
Notre espérance
Repose en vous :
Sainte Jeanne de France,
Priez, priez pour nous !
(reprise des deux derniers vers)


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dimanche 10 mai 2020

A Jeanne d'Arc

Thérèse considère ici la gloire de Jeanne, gloire qui ne se manifeste pas tant à ses yeux par l'éclat de ses victoires sur les anglais ou du sacre de Charles VII que par sa constance héroïque au sein de la souffrance, lorsque, trahie comme son divin Maître, elle fut fait prisonnière. Car ce fut dans l'abandon et les douleurs de son cachot puis dans son martyre qu'elle acquit ce cachet de sainteté qui couronna son front d'un trophée plus glorieux que tous les honneurs terrestres. Ainsi, par son exemple lui-même reflet de la vie du Christ, nous trouverons des charmes dans la souffrance elle-même qui se fera communion d'amour avec le Seigneur.


A propos de la mélodie utilisée

 

Aucune mélodie n'ayant été indiquée pour cette poésie, j'ai choisi de lui adapter celle proposée pour le poème PN53 (Pour Sœur Marie de la Trinité), qui avait la même versification. Cependant, comme les strophes n'avaient pas le même nombre de vers (4 au lieu de 8), et que le nombre de couplets était impair (5), j'ai inséré un passage musical entre les couplets 2 et 3 pour palier à la strophe manquante. 
On trouvera plus bas une vidéo musicale supplémentaire spécialement conçue pour la poésie PN53.


Version chantée de cette poésie avec paroles affichées sur l'image :

 



Version musicale avec les paroles pour accompagner les chanteurs :

 



Version musicale du poème PN53 (Pour sœur Marie de la Trinité) :

 



Paroles intégrales de la poésie à Jeanne d'Arc :

 

1
Seigneur, tu m'as choisie dès ma plus tendre enfance,
Et je puis m'appeler l’œuvre de ton amour...
Je voudrais, ô mon Dieu ! dans ma reconnaissance,
Oh ! je voudrais pouvoir te payer de retour !...
Jésus mon Bien-Aimé, quel est ce privilège ?
Pauvre petit néant, qu'avais-je fait pour toi ?
Et je me vois placée dans le royal cortège
Des vierges de ta cour, aimable et Divin Roi !

2
Hélas je ne suis rien que la faiblesse même ;
Tu le sais, ô mon Dieu ! je n'ai pas de vertus...
Mais tu le sais aussi, le seul ami que j'aime,
Celui qui m'a charmée, c'est toi, mon Doux Jésus !...
Lorsqu'en mon jeune cœur s'alluma cette flamme
Qui se nomme l'amour, tu vins la réclamer....
Et toi seul, ô Jésus ! pus contenter une âme
Qui jusqu'à l'infini avait besoin d'aimer.

3
Comme un petit agneau loin de la bergerie,
Gaiement je folâtrais ignorant le danger ;
Mais, ô Reine des Cieux ! ma Bergère chérie,
Ton invisible main savait me protéger.
Aussi tout en jouant au bord des précipices,
Déjà tu me montrais le sommet du Carmel ;
Je comprenais alors les austères délices
Qu'il me faudrait aimer pour m'envoler au Ciel.

4
Seigneur, si tu chéris la pureté de l'ange,
De cet esprit de feu qui nage dans l'azur,
N'aimes-tu pas aussi s'élevant de la fange
Le lys que ton amour a su conserver pur ?
S'il est heureux, mon Dieu, l'ange à l'aile vermeille
Qui paraît devant toi brillant de pureté,
Ma joie dès ici-bas à la sienne est pareille
Puisque j'ai le trésor de la virginité !...

Plus d'infos sur la poésie PN53



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jeudi 5 décembre 2019

Sainte Cécile

Le récit de la conversion de Valérien forme le cœur de cette belle poésie. Après l'avoir introduite par  une brève envolée lyrique à sa "sainte bien-aimée" (laisse-moi reposer sur ton cœur virginal...), Thérèse commence la narration. Cécile était une dame romaine qui avait vouée sa virginité au Christ. Mais ses parents voulaient la marier à un jeune patricien, nommé Valérien. Celui-ci fit donc célébrer des noces somptueuses, auxquelles Cécile participa de corps mais non de cœur, ne se lassant point de répéter à Dieu sa prière accoutumée: "conserve mon cœur pur". Cette demande fournit matière à Thérèse pour y glisser son thème favori: l'abandon. Car c'est bien cet abandon confiant entre les mains de Dieu qui soutenait la vierge en cette occasion critique. La nuit des noces arriva donc. Une fois Cécile seule avec Valérien, elle lui révéla un secret: un ange du Seigneur veillait sur elle nuit et jour... Il ne permettrait pas qu'il ose en rien attenter à sa pureté! Valérien surprit lui demanda de voir cet ange, ce que Cécile lui promit, si toutefois il consentait auparavant à se faire chrétien en recevant le baptême. Les douces paroles de la vierge et la grâce de Dieu agirent sur le cœur de Valérien qui, sans délai, alla trouver la pape Urbin pour se faire baptiser. Revenant ensuite vers Cécile, il vit auprès d'elle un bel ange qui tenait en ses mains des couronnes de roses et de lys. Cet ange leur en fit comprendre la signification. Les lys symbolisaient la virginité qu'ils devaient conserver, et les roses le martyre qui allait couronner leur front de gloire aux cieux. Ils enfanteront ainsi au Seigneur de nombreuses âmes qui suivront leur admirable exemple. Thérèse achève ici son récit et conclue en priant sa chère sainte de lui donner de convertir comme elle des âmes à Jésus par le sacrifice de sa vie et de ses peines, espérant au soir de son exil terrestre s'envoler auprès d'elle pour lui chanter son amour dans les cieux.

Deux mélodies, plusieurs manuscrits...

 

Pour bien comprendre les différentes versions proposées ci-dessous, il convient de fournir une brève explication. Tout d'abord, Thérèse indique pour ce chant deux mélodies possibles, à savoir un cantique de consécration à la Vierge, "Prends mon cœur, le voilà" et un hymne à l'Eucharistie, "Dieu de paix et d'amour". Le site de Lisieux fournit les partitions de ces deux chants, mais il se trouve qu'il existe pour le premier une autre mélodie, peut-être plus populaire (elle se retrouve dans plusieurs recueils anciens, et également sur internet). J'ai donc choisi de chanter le texte "officiel" de la poésie sur le cantique de consécration à Marie dans ses deux mélodies, intercalées.

Puis, trouvant sur le site des archives de Lisieux le fac-similé de plusieurs manuscrits de Thérèse, je les ai comparés attentivement, et, mettant de côté les petites variantes, j'en ai extrait trois strophes entièrement nouvelles et une quatrième profondément remaniée. Réunissant ces quatre strophes, je les ai ensuite chantées sur la deuxième mélodie, c'est-à-dire l'hymne à l'Eucharistie.

Après les vidéos, trois petits lecteurs audio permettent à un chacun de chanter librement la poésie sur l'une ou l'autre des trois mélodies.

Enfin, après la retranscription des paroles chantées, je place le texte complet des trois manuscrits, en mettant en gras tous les passages qui ont des différences entre eux ou avec le texte officiel des œuvres complètes.

 

Version chantée de cette poésie avec paroles affichées sur l'image :

 



Version chantée des quatre strophes supplémentaires inédites :

 



Version musicale avec les paroles pour accompagner les chanteurs :

 



Version musicale des strophes inédites avec les paroles :

 


 

Couplet musical en boucle pour chacune des mélodies :

 

- Prends mon cœur, le voilà (mélodie populaire) 



- Prends mon cœur, le voilà (mélodie du site de Lisieux) 



- Dieu de paix et d'amour




Paroles intégrales de la poésie :

 

Un vers souligné est un vers modifié par Mère Agnès de Jésus,
utilisé de préférence à l'original de Thérèse (placé ensuite entre crochets).
Les pointillés indiquent un changement de mélodie
(à noter aussi la reprise de la mélodie du refrain à la strophe 26).

1
O Sainte bien-aimée, je contemple ravi(e)
Le sillon lumineux qui demeure après toi ;
Je crois entendre encor ta douce mélodie :
Oui, ton céleste chant arrive jusqu'à moi.

2
De mon âme exilée, écoute la prière :
Laisse-moi reposer sur ton cœur virginal,
Ce lys immaculé qui brilla sur la terre
D'un éclat merveilleux et presque sans égal.

3
O très chaste Colombe, en traversant la vie
Tu ne cherchas jamais d'autre époux que Jésus ;
Ayant choisi ton âme, Il se l'était unie,
La trouvant embaumée de toutes les vertus.

----------

4
Cependant un mortel, radieux de jeunesse,
Respira ton parfum, blanche et céleste fleur !
Afin de te cueillir, de gagner ta tendresse,
Valérien voulut te donner tout son cœur.

5
Bientôt il prépara des noces magnifiques,
Son palais retentit de chants mélodieux...
Mais ton cœur virginal redisait des cantiques
Dont l'écho tout divin s'élevait jusqu'aux Cieux !

6
Que pouvais-tu chanter, si loin de ta Patrie,
Et voyant près de toi ce fragile mortel ?
Sans doute tu voulais abandonner la vie
Et t'unir pour toujours à Jésus dans le Ciel...

----------

7
Mais non... j'entends vibrer ta lyre séraphique,
Lyre de ton amour dont l'accent fut si doux ;
Tu chantais au Seigneur ce sublime cantique :
« Conserve mon cœur pur, Jésus mon tendre Epoux !... »

8
Ineffable abandon ! Divine mélodie !
Tu dévoiles l'amour par ton céleste chant.
L'amour qui ne craint pas, qui s'endort et s'oublie
Sur le Cœur de son Dieu, comme un petit enfant...

9
Dans la voûte azurée parut la blanche étoile
Qui venait éclairer de ses timides feux
La lumineuse nuit qui nous montra sans voile
Le virginal amour des époux dans les Cieux...

----------

10
Alors Valérien rêvait la jouissance,
Cécile, ton amour était tout son désir...
Il trouva le bonheur dans ta noble alliance,
Tu lui montras la vie qui ne doit pas finir.

11
« Jeune ami, lui dis-tu, près de moi toujours veille
Un ange du Seigneur qui garde mon cœur pur ;
Il ne me quitte pas, alors que je sommeille,
Il me couvre avec joie de ses ailes d'azur.

12
La nuit, je vois briller son aimable visage
D'un éclat bien plus doux que les feux du matin ;
Sa face me paraît la transparente image,
Le pur rayonnement du visage divin. »

13
Valérien reprit : « Montre-moi ce bel Ange,
Afin qu'à ton serment je puisse ajouter foi.
Autrement, crains déjà que mon amour se change
En terrible fureur, en haine contre toi... »

14
O Colombe cachée dans le creux de la pierre !
Tu ne redoutais pas les filets du chasseur ;
La Face de Jésus te montrait sa lumière,
L'Evangile sacré reposait sur ton cœur...

----------

15
Tu repris aussitôt avec un doux sourire :
« Mon céleste Gardien exauce ton désir.
Bientôt tu le verras ; il daignera te dire
Que pour voler aux Cieux, tu dois être martyr.

16
Mais avant de le voir, il faut que le baptême
Répande dans ton âme une sainte blancheur ;
Il faut que le vrai Dieu l'habite par Lui-même,
Il faut que l'Esprit-Saint soit la vie de ton cœur.

17
Le Verbe, Fils de Dieu et le Fils de Marie,
Dans son immense amour s'immole sur l'autel ;
Tu dois aller t'asseoir au Banquet de la Vie
Afin de recevoir Jésus le Pain du Ciel.

18
Alors, le Séraphin t'appellera son frère,
Et voyant dans ton cœur le trône de son Dieu,
Il te fera quitter les plages de la terre ;
Tu verras le séjour de cet esprit de feu. »

19
- « Je sens brûler mon cœur d'une nouvelle flamme »
S'écria transporté l'ardent patricien.
[S'écria dans sa joie l'ardent patricien.]
« Je veux que le vrai Dieu habite dans mon âme,
Cécile, mon amour sera digne du tien !... »

----------

20
Revêtu de la robe emblème d'innocence,
Valérien put voir le bel ange des Cieux ;
Il contempla ravi sa sublime puissance,
Il vit le doux éclat de son front radieux.

21
Le brillant séraphin tenait de fraîches roses
Mélangées de beaux lys éclatants de blancheur.
Dans les jardins du Ciel, ces fleurs étaient écloses
Sous les rayons d'amour de l'Astre créateur.

22
« Epoux chéris des Cieux, les roses du martyre
Couronneront vos fronts, dit l'ange du Seigneur ;
Il n'y a pas de voix, il n'y a pas de lyre
Capables de chanter cette grande faveur !

23
Je m'abîme en mon Dieu, je contemple ses charmes,
Mais je ne puis pour Lui m'immoler et souffrir ;
Je ne puis lui donner ni mon sang ni mes larmes ;
Pour dire mon amour, je ne saurais mourir...
[Malgré tout mon amour, je ne saurais mourir...]

24
La pureté, de l'ange est le brillant partage,
Son immense bonheur ne doit jamais finir ;
Mais sur le Séraphin, vous avez l'avantage :
Vous pouvez être purs, et vous pouvez souffrir !... »

----------

25
« De la virginité, vous voyez le symbole
Dans ces lys embaumés que vous envoie l'Agneau ;
Vous serez couronnés de la blanche auréole,
Vous chanterez toujours le cantique nouveau.

26
Votre chaste union enfantera des âmes
Qui ne rechercheront d'autre époux que Jésus ;
Vous les verrez briller comme de pures flammes,
Près du trône divin, au séjour des élus. »

27
Cécile, prête-moi ta douce mélodie :
Je voudrais convertir à Jésus tant de cœurs !
Je voudrais comme toi sacrifier ma vie,
Je voudrais lui donner et mon sang et mes pleurs...

28
Obtiens-moi de goûter sur la rive étrangère
Le parfait abandon, ce doux fruit de l'amour.
O ma Sainte chérie ! bientôt, loin de la terre,
Obtiens-moi de voler près de toi sans retour...


 Texte des quatre strophes complémentaires inédites :

 

Le vers en gras est arrangé pour une suite logique avec la strophe précédente
(l'original est ensuite placé entre crochets).

1
Douce Vierge Cécile, ô ma Sainte chérie,
Que ne puis-je emprunter la voix des bienheureux
Pour te chanter l'amour dont mon âme est remplie !
Que ne puis-je bientôt te contempler aux Cieux !...

2
Beau lys immaculé, tu brillas sur la terre
D'un éclat merveilleux et presque sans égal.
Ah ! laisse-moi chanter sur la rive étrangère,
Ton suave parfum, ton éclat virginal...

3
O très chaste Colombe ! je comprends ton langage :
[De l'ardent Séraphin, je comprends le langage :]
Cécile comme toi, je veux suivre l'Agneau !
Je n'aime que Jésus et je veux sans image,
Oui, je veux contempler en face un Dieu si beau !...

4
O Sainte Bien-Aimée, exauce ma prière !
Je voudrais imiter tes sublimes vertus ;
Je te confie mon âme et ma vie tout entière,
Je te confie mon cœur, guide-le vers Jésus !...



Texte du manuscrit adressé à Céline :

 

Les passages non en gras sont identiques dans tous les manuscrits,
y compris en regard du texte publié dans les œuvres complètes.


La Mélodie de Sainte Cécile

1
Douce Vierge Cécile, ô ma Sainte chérie !
Que ne puis-je emprunter la voix des bienheureux
Pour te chanter l'amour dont mon âme est remplie !
Que ne puis-je bientôt te contempler aux Cieux !...


2
De mon âme exilée, écoute la prière :
Laisse-moi reposer sur ton cœur virginal,
Ce lys immaculé qui brilla sur la terre
D'un éclat merveilleux et presque sans égal.


3
O Sainte Bien-aimée ! je contemple ravie
Le sillon lumineux qui demeure après toi ;
Je crois entendre encor ta douce mélodie...
Oui, ton céleste chant arrive jusqu'à moi !...

4
O très chaste Colombe ! en traversant la vie
Tu ne cherchas jamais d'autre époux que Jésus ;
Ayant choisi ton âme, Il se l'était unie,
La trouvant embaumée de toutes les vertus.

5
Cependant, un mortel, radieux de jeunesse,
Respira ton parfum, blanche et céleste fleur !
Afin de te cueillir, de gagner ta tendresse,
Valérien voulut te donner tout son cœur.

6
Bientôt il prépara des noces magnifiques,
Son palais retentit de chants mélodieux...
Mais ton cœur virginal redisait des cantiques
Dont l'écho tout Divin s'élevait jusqu'aux Cieux !

7
Que pouvais-tu chanter, si loin de ta Patrie,
Et voyant près de toi ce fragile mortel ?
Sans doute tu voulais abandonner la vie
Et t'unir pour toujours à Jésus dans le Ciel.

8
Mais non... j'entends vibrer ta lyre séraphique,
Lyre de ton amour dont l'accent fut si doux ;
Tu chantais au Seigneur ce sublime cantique :
« Conserve mon cœur pur, Jésus mon tendre Epoux. »

9
Ineffable abandon ! Divine mélodie !
Tu dévoiles l'amour par ton Céleste chant,
L'amour qui ne craint pas... qui s'endort et s'oublie
Sur le cœur de son Dieu, comme un petit enfant.

10
Dans la voûte azurée parut la blanche étoile
Qui venait éclairer de ses timides feux
La lumineuse nuit qui nous montra sans voile
Le virginal amour des époux dans les Cieux.

11
Alors Valérien rêvait la jouissance,
Cécile, ton amour était tout son désir.
Il trouva le bonheur dans ta noble alliance,
Tu lui montras la vie qui ne doit pas finir.

12
« Jeune ami (lui dis-tu), près de moi toujours veille
Un ange du Seigneur qui garde mon cœur pur ;
Il ne me quitte pas, alors que je sommeille,
Il me couvre avec joie de ses ailes d'azur...

13
La nuit, je vois briller son aimable visage
D'un éclat bien plus doux que les feux du matin ;
Sa face me paraît la transparente image,
Le pur rayonnement du visage Divin. »

14
Valérien reprit : - « Montre-moi ce bel Ange,
Afin qu'à ton serment je puisse ajouter foi.
Autrement, crains déjà que mon amour se change
En terrible fureur, en haine contre toi... »

15
O Colombe cachée dans le creux de la pierre !
Tu ne redoutais pas les filets du chasseur ;
La Face de Jésus te montrait sa lumière,
L'Evangile sacré reposait sur ton cœur...

16
Tu lui dis aussitôt avec un doux sourire :
- « Mon céleste Gardien exauce ton désir.
Bientôt tu le verras ; il daignera te dire
Que pour voler aux Cieux, tu dois être martyr.

17
Mais avant de le voir, il faut que le Baptême
Répande dans ton âme une sainte blancheur ;
Il faut que le vrai Dieu l'habite par Lui-même,
Il faut que l'Esprit-Saint soit la vie de ton cœur.

18
Jésus le Fils de Dieu et le Fils de Marie
Dans son immense amour s'immole sur l'autel ;
Tu dois aller t'asseoir au Banquet de la Vie
Afin de recevoir Jésus le Pain du Ciel.

19
Alors le Séraphin t'appellera son frère,
Et voyant dans ton cœur le trône de son Dieu,
Il te fera quitter les plages de la terre ;
Tu verras le séjour de cet esprit de feu. »

20
- « Je sens brûler mon cœur d'une nouvelle flamme »
S'écria dans sa joie l'ardent Patricien.
« Je veux que le vrai Dieu habite dans mon âme,
Je veux servir le Christ et devenir chrétien. »

21
Revêtu de la robe emblème d'innocence,
Valérien put voir le bel ange des Cieux ;
Il contempla ravi sa sublime puissance,
Il vit le doux éclat de son front radieux.

22
Le brillant Séraphin tenait de fraîches roses
Mélangées de beaux lys éclatants de blancheur.
Dans les jardins du Ciel, ces fleurs étaient écloses
Sous les rayons d'amour de l'Astre Créateur.

23
-  « Epoux chéris des Cieux, les roses du martyre
Couronneront vos fronts, dit l'ange du Seigneur ;
Il n'y a pas de voix, il n'y a pas de lyre
Capables de chanter cette grande faveur !...

24
Je m'abîme en mon Dieu, je contemple ses charmes !
Mais je ne puis pour Lui m'immoler et souffrir ;
Je ne puis lui donner ni mon sang ni mes larmes ;
Malgré tout mon amour, je ne saurais mourir !

25
La pureté, de l'ange est le brillant partage,
Son immense bonheur ne doit jamais finir ;
Mais sur le Séraphin, vous avez l'avantage :
Vous pouvez être purs, et vous pouvez souffrir !...

26
De la virginité, vous voyez le symbole
Dans ces lys embaumés que vous envoie l'Agneau ;
Vous serez couronnés de la blanche auréole,
Vous chanterez toujours le cantique nouveau.

27
Votre chaste union enfantera des âmes
Qui ne rechercheront d'autre époux que Jésus ;
Vous les verrez briller comme de pures flammes,
Près du Trône Divin, au séjour des élus !... »

28
De l'ardent Séraphin, je comprends le langage :
Cécile comme toi, je veux suivre l'Agneau !
Je n'aime que Jésus et je veux sans image,
Oui, je veux contempler en face un Dieu si beau !...


29
Je voudrais emprunter ta douce mélodie
Afin de convertir à Jésus bien des cœurs ;
Je voudrais comme toi sacrifier ma vie,
Je voudrais Lui donner mon sang avec mes pleurs.

30
O Sainte Bien-Aimée, exauce ma prière !
Je voudrais imiter tes sublimes vertus ;
Je te confie mon âme et ma vie tout entière,
Je te confie mon cœur, guide-le vers Jésus !...


31
Obtiens-moi de goûter sur la rive étrangère
Ton sublime abandon, ce doux fruit de l'amour.
O ma Sainte chérie ! Bientôt, loin de la terre,
Obtiens-moi de voler près de toi sans retour !...



Texte du manuscrit adressé à Roulland :

 

Les passages non en gras sont identiques dans tous les manuscrits,
y compris en regard du texte publié dans les œuvres complètes.


A Sainte Cécile vierge et martyre

1
Douce Vierge Cécile, ô ma Sainte chérie,
Que ne puis-je emprunter la voix des bienheureux
Pour te chanter l'amour dont mon âme est remplie !
Que ne puis-je avec toi, m'envoler jusqu'aux Cieux !...


2
O Sainte bien-aimée ! je contemple ravie
Le sillon lumineux qui demeure après toi ;
Je crois entendre encor ta douce mélodie :
Oui, ton céleste chant arrive jusqu'à moi !...

3
Beau lys immaculé, tu brillas sur la terre
D'un éclat merveilleux et presque sans égal.
Ah ! laisse-moi chanter sur la rive étrangère,
Ton suave parfum, ton éclat virginal...


4
O très chaste Colombe, en traversant la vie
Tu ne cherchas jamais d'autre époux que Jésus ;
Ayant choisi ton âme, Il se l'était unie,
La trouvant embaumée de toutes les vertus.

5
Cependant un mortel, radieux de jeunesse,
Respira ton parfum, blanche et céleste fleur ;
Afin de te cueillir, de gagner ta tendresse,
A toi seule il donna tout l'amour de son cœur.

6
Valérien prépara des noces magnifiques,
Son palais retentit de chants mélodieux ;
Mais ton cœur virginal redisait des cantiques
Dont l'écho tout Divin s'élevait jusqu'aux Cieux.

7
...Que pouvais-tu chanter, si loin de ta Patrie,
Et voyant près de toi un fragile mortel ?...
Sans doute tu voulais abandonner la vie
Et t'unir pour toujours à Jésus dans le Ciel...

8
Mais non... j'entends vibrer ta lyre séraphique,
Lyre de ton amour, dont l'accent fut si doux ;
Tu chantais au Seigneur ce sublime cantique :
« Conserve mon cœur pur, Jésus, mon tendre Epoux ! »

9
...Ineffable abandon !... Divine Mélodie !...
Tu dévoiles l'amour, par ton céleste chant.
L'amour, qui ne craint pas... qui s'endort et s'oublie
Sur le Cœur de son Dieu, comme un petit enfant !...

10
- Dans la voûte azurée parut la blanche étoile
Qui venait éclairer de ses timides feux
La lumineuse nuit qui nous montra sans voile
Le virginal amour des époux dans les Cieux...

11
Valérien ne rêvait alors que jouissance,
Cécile ton amour était tout son désir.
Il trouva plus encor dans ta noble alliance :
Tu lui montras la vie qui ne doit pas finir.

12
- « Jeune ami », lui dis-tu, « près de moi toujours veille
Un ange du Seigneur qui garde mon cœur pur ;
Il ne me quitte pas alors que je sommeille,
Il me couvre avec joie de ses ailes d'azur.

13
La nuit, je vois briller son aimable visage
D'un éclat bien plus doux que les feux du matin.
Sa face me paraît la transparente image,
Le pur rayonnement du Visage Divin. »

14
Valérien répondit : - « Montre-moi ce bel ange
Afin qu'à ton serment je puisse ajouter foi.
Autrement crains déjà que mon amour se change
En terrible fureur... en haine contre toi !!!... »

15
O Colombe cachée dans le creux de la pierre !
Tu ne redoutais pas les filets du chasseur.
La Face de Jésus te montrait sa lumière,
L'Evangile Sacré reposait sur ton cœur...

16
Tu repris aussitôt avec un doux sourire :
- « Mon céleste Gardien exauce ton désir.
Bientôt tu le verras, il daignera te dire
Que pour voler aux Cieux, tu dois être martyr...

17
Mais avant de le voir, il faut que le Baptême
Répande dans ton âme une sainte blancheur ;
Il faut que le vrai Dieu l'habite par Lui-même,
Il faut que l'Esprit-Saint soit la vie de ton cœur.

18
Jésus le Fils de Dieu et le Fils de Marie
Dans son immense amour, s'immole sur l'autel ;
Tu dois aller t'asseoir au Banquet de la Vie
Afin de recevoir Jésus le Pain du Ciel.

19
Alors le Séraphin t'appellera son frère,
Et voyant dans ton cœur le trône de son Dieu,
Il te fera quitter les plages de la terre ;
Tu verras le séjour de cet esprit de feu... »

20
- « Je sens brûler mon cœur d'une nouvelle flamme »
S'écria dans sa joie le jeune Patricien.
« Je veux que le vrai Dieu habite dans mon âme,
Je veux servir le Christ et devenir chrétien. »

21
Bientôt la blanche robe emblème d'innocence
Permit à Valérien de voir l'ange des Cieux.
Il contempla ravi sa sublime puissance,
Il vit le doux éclat de son front radieux.

22
Le brillant séraphin tenait de fraîches roses
Mélangées de beaux lys, éclatants de blancheur ;
Dans les jardins du Ciel, ces fleurs étaient écloses
Sous les rayons d'amour de l'Astre Créateur.

23
-  « Cécile et Valérien, les roses du martyre
Couronneront vos fronts, » dit l'ange du Seigneur ;
Il n'y a pas de voix, il n'y a pas de lyre
Capables de chanter cette grande faveur...

24
Je m'abîme en mon Dieu, je contemple ses charmes,
Mais je ne puis pour lui m'immoler et souffrir ;
Je ne puis lui donner ni mon sang ni mes larmes ;
Malgré tout mon amour, je ne saurais mourir !...

25
La pureté, de l'ange est le brillant partage,
Son immense bonheur ne doit jamais finir ;
Mais sur le séraphin, vous avez l'avantage :
Vous pouvez être purs et vous pouvez souffrir !...

26
De la virginité, vous voyez le symbole
Dans ces lys embaumés que vous envoie l'Agneau ;
Vous serez couronnés de la blanche auréole,
Vous chanterez toujours le cantique nouveau.

27
Votre chaste union enfantera des âmes
Qui ne rechercheront d'autre Epoux que Jésus.
Vous les verrez briller comme de pures flammes
Près de l'Agneau Divin au séjour des élus !... »

28
Cécile, prête-moi ta douce mélodie,
Je voudrais à Jésus convertir bien des cœurs !...
Je voudrais, comme toi, sacrifier ma vie,
Je voudrais Lui donner mon sang avec mes pleurs...

29
O Sainte bien-aimée, exauce ma prière :
Je voudrais imiter tes sublimes vertus ;
Je te confie mon âme et ma vie tout entière,
Je te confie mon cœur, guide-le vers Jésus...



Texte du manuscrit adressé à Bellière :

 

Les passages non en gras sont identiques dans tous les manuscrits,
y compris en regard du texte publié dans les œuvres complètes.


A Sainte Cécile, v. m.

1
Douce Vierge Cécile, ô ma Sainte chérie !
Que ne puis-je emprunter la voix des Bienheureux
Pour te chanter l'amour dont mon âme est remplie.
Que ne puis-je voler avec toi jusqu'aux Cieux !...


2
De mon âme exilée, écoute la prière :
Laisse-moi reposer sur ton cœur virginal,
Ce lys immaculé qui brilla sur la terre
D'un éclat merveilleux et presque sans égal.


3
O Sainte Bien-aimée ! je contemple ravie,
Le sillon lumineux qui demeure après toi ;
Je crois entendre encor ta douce mélodie,
Oui ton céleste chant arrive jusqu'à moi !...

4
O très chaste Colombe ! en traversant la vie
Tu ne cherchas jamais d'autre époux que Jésus ;
Ayant choisi ton âme, il se l'était unie,
La trouvant embaumée de toutes les vertus.

5
Cependant, un mortel, radieux de jeunesse,
Respira ton parfum, blanche et céleste Fleur.
Afin de te cueillir, de gagner ta tendresse,
A toi seule, il donna tout l'amour de son cœur.

6
Bientôt il prépara des noces magnifiques,
Son palais retentit de chants mélodieux ;
Mais ton cœur virginal redisait des cantiques
Dont l'écho tout divin s'élevait jusqu'aux Cieux.

7
Que pouvais-tu chanter si loin de ta patrie
Et voyant près de toi ce fragile mortel ?
Sans doute tu voulais abandonner la vie
Et t'unir pour toujours à Jésus dans le Ciel...

8
Mais non... J'entends vibrer ta lyre séraphique,
Lyre de ton amour dont l'accent fut si doux ;
Tu chantais au Seigneur ce sublime cantique :
« Conserve mon cœur pur, Jésus mon tendre Epoux. »

9
Ineffable abandon ! Divine mélodie !
Tu dévoiles l'amour par ton céleste chant ;
L'amour qui ne craint pas, qui s'endort et s'oublie
Sur le cœur de son Dieu, comme un petit enfant...

10
Dans la voûte azurée parut la blanche étoile
Qui venait éclairer de ses timides feux
La lumineuse nuit qui nous montra sans voile
Le virginal amour des époux dans les Cieux.

11
Alors Valérien rêvait la jouissance,
Cécile, ton amour était tout son désir.
Il trouva plus encor dans ta noble alliance :
Tu lui montras la vie qui ne doit pas finir.

12
«- Jeune ami, lui dis-tu, près de moi toujours veille
Un ange du Seigneur qui garde mon cœur pur ;
Il ne me quitte pas alors que je sommeille,
Il me couvre avec joie de ses ailes d'azur.

13
La nuit je vois briller son aimable visage
D'un éclat bien plus doux que les feux du matin ;
Sa face me paraît la transparente image,
Le pur rayonnement du Visage Divin. »

14
Valérien reprit : - « Montre-moi ce bel ange,
Afin qu'à ton serment je puisse ajouter foi.
Autrement crains déjà que mon amour se change
En terrible fureur, en haine contre toi !... »

15
O Colombe cachée dans le creux de la pierre !
Tu ne redoutais pas les filets du chasseur ;
La Face de Jésus te montrait sa lumière,
L'Evangile sacré reposait sur ton cœur...

16
Tu repris aussitôt, avec un doux sourire :
- « Mon céleste Gardien exauce ton désir.
Bientôt tu le verras, il daignera te dire
Que pour voler [aux] Cieux, tu dois être martyr.

17
Mais avant de le voir, il faut que le Baptême
Répande dans ton âme une sainte blancheur ;
Il faut que le vrai Dieu l'habite par Lui-même,
Il faut que l'Esprit-Saint soit la vie de ton cœur.

18
Jésus le Fils de Dieu et le Fils de Marie
Dans son immense amour s'immole sur l'autel ;
Tu dois aller t'asseoir au banquet de la vie
Afin de recevoir Jésus le Pain du Ciel.

19
Alors le séraphin t'appellera son frère,
Et voyant dans ton cœur le trône de son Dieu,
Il te fera quitter les plages de la terre ;
Tu verras le séjour de cet Esprit de Feu. »

20
- « Je sens brûler mon cœur d'une nouvelle flamme »
S'écria dans sa joie l'ardent patricien.
« Je veux que le Vrai Dieu habite dans mon âme,
Je veux servir le Christ et devenir chrétien. »

21
Revêtu de la robe emblème d'innocence,
Valérien put voir le bel ange des Cieux ;
Il contempla ravi sa sublime puissance,
Il vit le doux éclat de son front radieux.

22
Le brillant séraphin tenait de fraîches roses
Mélangées de beaux lys éclatants de blancheur.
Dans les jardins du ciel ces fleurs étaient écloses
Sous les rayons d'amour de l'Astre Créateur.

23
«- Epoux chéris du Ciel, les roses du Martyre
Couronneront vos fronts, dit l'ange du Seigneur ;
Il n'y a pas de voix, il n'y a pas de lyre
Capables de chanter cette grande faveur !...

24
Je m'abîme en mon Dieu, je contemple ses charmes,
Mais je ne puis pour Lui m'immoler et souffrir ;
Je ne puis Lui donner ni mon sang ni mes larmes ;
Malgré tout mon amour, je ne saurais mourir...

25
La pureté, de l'ange est le brillant partage,
Son immense bonheur ne doit jamais finir ;
Mais sur le séraphin vous avez l'avantage :
Vous pouvez être purs, et vous pouvez souffrir !!!...

26
De la virginité vous voyez le symbole
Dans ces lys embaumés que vous envoie l'Agneau ;
Vous serez couronnés de la blanche auréole,
Vous chanterez toujours le cantique nouveau.

27
Votre chaste union enfantera des âmes
Qui ne rechercheront d'autre époux que Jésus ;
Vous les verrez briller comme de pures flammes,
Près de l'Agneau Divin, au séjour des élus... »

28
De l'ardent séraphin, je comprends le langage :
Cécile, comme toi, je veux suivre l'Agneau !
Je n'aime que Jésus et je veux sans image,
Oui, je veux contempler en face un Dieu si beau.


29
Je voudrais emprunter ta douce mélodie
Afin de convertir à Jésus tous les cœurs ;
Je voudrais comme toi sacrifier ma vie,
Je voudrais Lui donner et mon sang et mes pleurs.

30
O Sainte bien-aimée ! exauce ma prière :
Je voudrais imiter tes sublimes vertus.
Je te confie mon âme et ma vie tout entière,
Daigne guider mon cœur et l'offrir à Jésus.


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